Le Cavalier sans coeur

Publié le par JuluS

Méprise trop fréquente : ce bonhomme, ce chevalier n'est pas moi, je ne crois pas.

 


 

Je suis le cavalier sans cœur ; je traverse les vies. Comme une pluie noire, je vole aux travers des tempêtes d’humeurs. Je fuis, j’esquive, je virevolte.

En tous lieus, en toutes époques, lorsque je passe, je suscite la stupeur, la joie, l'espoir puis ça trépasse. Quand, sur mes chimères, à travers la nuit verte, quand je sors de la forêt, et m’approche de leurs lueurs, les jeunes femmes m'acclament et comme à un puits du Sahara, elles me souhaitent la bienvenue. Leurs yeux que l'on voit venir de toutes parts, leurs bras qui veulent m’enserrer, leurs bouches qui veulent m’embrasser, tout cela me crie viens ! et ne repars pas. On conte, on boit, on rit. Ces frénétiques moments de volupté, comme ils sont agréables. Toute la nuit autour du feu, elles dansent; chantent; nagent. Le vin alors coule à flots dans les coupes ; une goutte s’en échappe et va continuer sa route sur les lèvres douces, dans les creux du cou délicat, entre les seins généreux, sous les hanches vivantes. Je vis, je jouis de cette confiance, de cette attente que l’on place en moi. Je m’en nourris. Je suis venu comme un vent d'espoir, je repars dans le noir, au milieu des âmes embuées, embrouillées par les tristes dédales de mon âme emmêlée. Mais, je n'ai pas de cœur, je suis un cavalier d'ailleurs.

Les sages, les vieilles et les policiers savent qui je suis. On chante sur moi les plus affreuses histoires, des viols d'enfants, aux rapports incestueux en passant par nombres d'adultères. Je suis connu par delà les confins les plus reculés du bel univers d'été, mais je suis mal connu. Elles croient connaître mes déboires et les horreurs que j'ai laissées, où que j'aille quoi que je fasse, j'ai comme un nuage de malheur aux terribles senteurs qui me suit avec cette horrible lenteur, comme une rumeur qui dirait ne vous en approchez pas ! c'est un beau parleur : je n'ai pas de cœur, je suis un cavalier d'ailleurs aux milles couleurs.

Il en est plus d'une, plus d'un, qui te racontera, si tu parles d'amour, le prix que coûte le bonheur, des cris, des joies des pleurs et qui depuis, guette mon retour, dans la peur.
Je ne suis pas cruel à mon avis, c'est ma malédiction, mais je n'ai pas de cœur, je suis un cavalier d'ailleurs aux milles couleurs : je suis le cavalier sans peur.

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